Le Maquis à Montmartre
Le Saviez-vous?
Avant d’être ce quartier bohème que nous chantait Aznavour, la Butte Montmartre était un véritable ghetto. Retour sur l’histoire du Maquis de Montmartre ou comment la légende s’est construite…
Montmartre n'a donc pas toujours été ce si beau village avec ses jardins intérieurs coincés entre les immeubles et que l'on nomme le Maquis. Dès l'époque des romains jusqu'en 1860, où Montmartre ne faisait pas encore partie de Paris mais était une commune libre, ce n'était qu'en fait qu'un vaste terrain vague abritant une importante carrière de gypse et quelques champs. Le gypse de Montmartre servait d'ailleurs à élaborer le plâtre de construction dans la plupart des bâtiments et monuments de Paris, caractérisé par sa blancheur et sa finesse. (la rue Blanche et la place Blanche tiennent leur nom des longues traînées blanches que provoquait l’exploitation des carrières)
Tout commence dans les années 1860, au moment de l’annexion de la Butte à Paris. Autrefois, le quartier de Montmartre n’était qu’un vaste champ. Par suite des grands travaux du baron Haussmann, les Parisiens qui sont sans le sou sont chassés du centre de Paris et viennent alors trouver refuge dans ce qui deviendra le Maquis de Montmartre.
Des cabanes en bois s’érigent entre les rues Caulaincourt, Girardon et Lepic, un village de bric et de broc, où l’on utilise des boîtes de sardines en guise de serrures ! Dans L’Assommoir, Zola qui décrit : “la butte Montmartre qui bouchait le ciel, avec ses maisons crayeuses, percées des trous réguliers de leurs fenêtres”, nous laisse bien imaginer les conditions de vie auxquelles étaient réduits les maquisards.
Les habitants étaient principalement des ferrailleurs, des chiffonniers, des gens vivant de la récup’, en somme. On y croisait aussi des voleurs, venus se cacher (d’où le surnom de “maquis”) dans les ruelles labyrinthiques du quartier et des petits voyous, que l’on appelait communément les « Apaches ».
Malgré les apparences, Montmartre avait donc plus l’âme d’un village que d’un bidonville. Malgré la pauvreté, l’insécurité et le manque d’hygiène, tout ce petit monde constituait une communauté socialement organisée, solidaire et unie.
À cette époque déjà, la Butte attire et inspire les artistes. De Van Gogh à Renoir en passant par Maurice Utrillo, Francisque Poulbot, Tristan Tzara, ou encore Hector Berlioz, qui séjourna au n°11 de la rue Saint-Vincent… Autant de noms célèbres qui ont fait la renommée du Maquis de Montmartre.
En 1860, Montmartre est alors annexé à la Capitale, et est vite devenu le repère des bandits, un refuge pour les gens les plus pauvres aux bancs de la société ou les Parisiens ne pouvant plus se permettre les prix de PARIS après les fameux aménagements du Baron HAUSSMANN, ou encore pour les artistes.
Une trentaine d'années plus tard, le quartier devient un véritable bidonville que l'on surnomme "Le Maquis de Montmartre".
Cependant, au début du XXème Siècle, alors que le reste de PARIS est construit, les promoteurs commencent à s'intéresser à Montmartre, ils accaparent le quartier, créent de nouvelles rues comme l'avenue Junot qui fut percée en 1902 (on détruisit le moulin de la poivrière qui était sur le passage), et ont transformé Montmartre en un quartier luxueux mais qui a su, malgré tout, garder son âme de village bohème et où il fait bon vivre.